More is more; des artistes des terres colorées qui osent

plus de textures, plus de couleurs, plus de motifs: more is, in fact, more, pour ces 3 artistes. si vous me connaissez un peu vous êtes au fait de mon penchant pour les propositions les plus les plus expressives, les plus exubérantes en céramique. les productions que je vous présente aujourd’hui pourraient être décrites comme bruyantes par certains, mais moi, elle me stimulent et m’enchantent.



Ceramicism est le travail céramique de l’artiste Dustin Barzell, basé à Brooklyn, NY. Il utilise des technique de cannes de différentes manières, dans des construction en tuiles comme les images 1 à 3, et à la plaque façonnée comme l’image 4. Remarquez comment la fissure est assumée et s’intègre à la composition finale. Le nerikomi est une technique très propice à créer des fissures à cause des tensions entre toutes les parties assemblées, et l’argile colorée est forcément plus fragile que l’argile naturelle, car elle a perdu de son intégrité. En utilisant une couche de protection (le blanc dans les intérieurs des pièces) il s’assure que les pièces soient étanches et fonctionnelles malgré les fissures. Sa technique de construction me fait penser au travail  extraordinaire (mais dans un style on ne pourrait dire plus opposé) de Sarah Scampton .  Pour en revenir aux fissures, c’est un aspect que tous les céramistes qui font du nerikomi doivent apprendre à composer. Moi par exemple je choisi de les dissimuler, mais j’adore que Dustin au contraire a réussi à trouver comment les exploiter à son avantage, et en faire une partie intégrante du décor.  
La palette de couleurs de Dustin est ultra contrastée, avec des teintes fluo, des motifs zébrés et léopard et une esthétique des plus extravagantes, qui me rappelle celle des peluches TY , et la superbe collection hommes de Marni FW19. J’aimerais vraiment beaucoup avoir une de ses pièces dans ma collection…


Images empruntées sur la page Instagram de l’artiste, Tous droits réservés Ceramicism. Images borrowed from artist’s instagram, Copyrights Ceramicism.



Ruby Pilven est une artiste céramiste de Ballarat, Australie, qui fabrique principalement des objets utilitaires en céramique avec la technique que j’appelle «collage».  Une grande plaque d’argile neutre sert de base pour appliquer plusieurs couches de morceaux d’argile colorées pour créer le motif. Ruby travaille un peu à la manière de la sérigraphie; chaque couleur est appliquée à la suite de l’autre pour construire l’image par la superpositions des différentes couches. C’est d’ailleurs la même technique que j’utilise moi aussi dans mon travail. Si on cassait une pièce en deux, on pourrait voir dans la parois les différentes couleurs qui sont encastrées dans l’argile de base. L’avantage de cette technique en comparaison à la technique de la cane comme ce que font les artistes dans mon précédent billet, Légendes Vivantes, c’est que l’argile inaltérée au coeur de la pièce protège en quelque sorte des séparations et des craques entre les couleurs. (Mais ça peut arriver malgré tout) Si vous choisissez d’explorer cette technique, vous pouvez quand même avoir des motifs des deux côtés en retournant la plaque pour faire le travail à l’intérieur de la pièce, mais Ruby choisi d’utiliser seulement des émaux pour ses intérieurs. 
Les compositions de Ruby Pilven sont un peu comme des tapisseries ou des textiles, elle se décrit d’ailleurs son esthétique comme “Néo-Chintz”, le Chintz étant des textiles à motifs floraux et colorés originaires d’inde, dont un courant de poterie s’en est inspiré, qu’on appelle le Chintzware, vous en avez surement déjà vu… Maintenant vous pourrez le nommer! Voyez vous l’affiliation? 
J’aime le côté ludique et spontané du travail de Ruby, ses pièces sont joyeuses, éclatées, énergiques! 



Images empruntées de la page instagram de l’artiste, Tous droits réservés Ruby Pilven. Images are borrowed from artist’s Instagram, Copyrights Ruby Pilven.


Katie Stout est une artiste basée à Brooklyn, États-Unis, et elle décrit son travail comme de la «pop naïve». Ses oeuvres sont des «caricatures» d’objets domestiques; de lampes et de meubles. Je vous présente aujourd’hui quelques oeuvres qui exploitent la technique du nerikomi, mais elle utilise un éventail de techniques dans sa pratique de céramiste dont le modelage, mais aussi d’autres matériaux comme les textiles, le bois et autres. Je vous invites fortement à aller visiter sa page instagram, et son site web, son corpus est à couper le souffle. Katie Stout subvertit  les objets utilitaires de la sphère domestique et crée des environnements immersifs décalés, qui suscitent un certain inconfort, et qui révèlent l’absurdité de la vie ordinaire. À à peine 31 ans, son cv est déjà bien rempli. Son exposition «Bedroom Curio» au Design Miami 2015, elle a également collaboré sur une collection mode pour Hudson Yards; et avec Bjarne Melgaard sur le mobilier pour son installation à la Biennale de Whitney 2014.  Elle a remporté la première saison de la série «Ellen’s Design Challenge» en 2015;  et elle a été répertoriée dans le Forbes «30 Under 30» en 2017, et elle a collaboré avec le designer de mode Jeremy Scott pour sa collection automne-hiver 2018. Son travail a également été présenté dans l'exposition «Free Museum» du musée d'art contemporain de Santa Barbara en 2017 et elle a des oeuvres dans la collection permanente du Los Angeles County Museum of Art.  Wow quand même, c’est tout un parcours! Son champ est tellement large que je ne la décrirais pas nécessairement comme une artiste du nerikomi, mais je voulais absolument que vous découvriez cette avenue possible. Je dis toujours que ce qu’on peut faire avec le nerikomi est infini, et le travail de Katie Stout en est la preuve. C’est un énorme coup de foudre pour moi. J’ai sélectionné des oeuvres qui contiennent du nerikomi mais allez vite découvrir le reste de son travail, vraiment, j’insiste. 


Images tirées de la page instagram de l’artiste, tous droits réservés Katie Stout. Images borrowed for artist’s instagram, Copyrights Katie Sout.


Et vous, avez vous plus tendance à être attirés par les esthétiques minimalistes ou maximalistes? Diriez vous que More is more ou plutôt Less is More? Pour ma part, malgré mon amour de l’exagération, des couleurs vives, de l’abondance des textures et des motifs, si vous avez lu mon billet Less is more vous savez que j’aime autant des esthétiques plus sobres et mesurées. Pour moi la dualité entre le minimalisme et le maximalisme est dépassée., on peut apprécier les deux. Je pense que ce qui vient me chercher le plus est un décalage assumé qui crée de la tension dans l’oeuvre, et un effet de surprise. Une technique détournée, des agencements de couleurs inhabituels, une finition impeccable un peu dingo ou la liberté du geste, expression de désinvolture.  Drôlement,  une abonnée m’a envoyé un message hier soir qui me disait que ça lui a pris un moment pour comprendre mon esthétique parce qu’elle était plutôt adepte du minimaliste mais qu’elle était maintenant je la cite, « sous le charme ».  Je n’ai absolument pas l’objectif de plaire à tous le monde, c’est impossible, mais de savoir que mon travail ouvre l’esprit à sortir un peu de nos inclinaisons naturelles, ça me touche vraiment. Les 3 artistes que je vous ai présenté aujourd’hui ont cet effet sur moi.